Quatrième Édition TMAK: Le traité Franco-Anglo-Caraïbe de 1660.
- Manuella Jeanlys
- 4 sept. 2020
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 mai 2022

Travail de recherche et de Rédaction de Manuella Jeanlys pour TMAK Timoun a Karukéra, Tous Droits réservés.
Cette édition est un hommage à la mémoire des millions d'Arawaks et de Caraïbes qui ont été victimes du génocide Amérindien de 1492 à 1763. Nous savons que trois génocides ont été reconnus par l'ensemble des spécialistes et experts en droit international: - Le génocide Arménien, - La Shoah, - Le génocide des Tutsis.
Cependant, l'élimination physique intentionnelle de plus de 56 millions d'Amérindiens, pendant l'occupation Espagnole, Française et Anglaise, n'a jamais été reconnu comme étant le plus grand génocide de l'histoire.
Nous souhaitons honorer les ancêtres qui ont été :
- Trompés par plusieurs gouverneurs Européens et leurs troupes. En effet, l'histoire nous enseigne que ces derniers ont fini par envahir toutes les îles de l'archipel caribéen car ils avaient pour mission de s'approprier toutes les terres et les ressources naturelles des premiers habitants des îles. - Expulsés de leurs habitations et sont "MORTS POUR" leurs îles en défendant ce qui leur appartenait. - Forcés de vivre reclus dans les régions non défrichées et qui malgré les conditions de vie difficiles ont survécu.
Dans les livres d'histoire ainsi que la multitude d'articles publiés sur internet, on retrouve les mêmes informations à propos des Arawaks et des Caraïbes, à savoir "ils ont tous été décimés". Avant de polluer l'esprit de nos enfants et de nos proches avec ce genre d'enseignement il faut se poser des questions et partir à la quête de la vérité.
Si les descendants des Amérindiens pouvaient réécrire l'histoire, elle refléterait la vie, les combats, les souffrances de leurs ancêtres et la beauté multiethnique et multiculturelle Arawaks/Caraïbes.
En effectuant des recherches plus approfondies nous avons découvert que: - La population Arawak qui vivait, à l’origine, dans le bassin de l'Orénoque, au Venezuela à l'époque précolombienne, était déjà en guerre avec les Caraïbes. - Les groupes autochtones pacifistes qui ont décidé de quitter l’Amérique Latine pour s'implanter dans la caraïbe sont devenus les premiers habitants (de plusieurs îles des Petites Antilles) au même titre que les Tainos (dans les Grandes Antilles).
À l'arrivée du Portugal, de l'Espagne, de la France et de l'Angleterre, les groupes ethniques Arawaks étaient bel et bien vivants et à nouveau en situation de guerre avec les Kalinagos qui avaient aussi migré dans la caraïbe.
Pour comprendre cette partie de l'histoire nous nous sommes plongés dans le livre d'histoire intitulé : La Compagnie des Îles de l'Amérique 1635-1651. Une entreprise coloniale du XVIIe siècle d'Eric Roulet. Dans le chapitre XVIII: "Les Limites de l'Action Économique de la Compagnie" les échanges et les relations avec les Indiens des îles y sont décrits.
En voici un extrait:
"Les échanges avec les Indiens. Une partie de l'économie insulaire repose sur les Indiens. Ils apportent les vivres nécessaires quand ils viennent à manquer. Les premiers établissements leur doivent souvent leur survie. Daniel Le Hirbec souligne en 1642 que les échanges entre Français et Indiens à la Martinique sont nombreux : "à présent on est en paix avec eux, qui est un grand bien et repos pour lesdits habitants, auxquels ils servent beaucoup d'autant qu'ils ont toujours quelque chose de bon d'eux pour peu de chose". Les Indiens viennent souvent commercer à la Guadeloupe au début des années cinquante d'après Raymond Breton. Les échanges se font aussi avec ceux de la Dominique et "lorsque l'on passe par ladite île l'on traite presque toujours quelque chose d'eux" précise le Hirbec. La compagnie favorise ces échanges pour consolider la paix avec les Indiens. Ils sont un élément de la diplomatie. Le 5 mai 1640, les associés ordonnent à Manichet d'envoyer pour 200 livres de marchandises (haches, couteaux, rassades) à Aubert et pour être distribuées aux Indiens qui traiteront avec les habitants. En 1641, ils chargent Manichet d'expédier pour environ 100 livres de traite à Aubert pour les Indiens qui viennent à la Guadeloupe. En 1642, un établissement est envisagé à la Dominique pour faire du commerce. Les Indiens sont toujours avides d'objets en fer et en particulier d'outils. L'Anonyme de Carpentras rapporte ainsi que les Indiens de la Guadeloupe ont une grande nécessité de haches en fer qui leur paraissent plus efficaces que leurs outils en bois. Ils recherchent aussi des armes à feu et de la toile, pour faire des voiles à leurs pirogues. Les français espèrent obtenir en retour des écailles de tortue - le caret - qui sont particulièrement recherchées en Europe pour faire des peignes, des boîtes ou des ornements d'objets.
Tout est basé sur le troc.
Produits Indigènes : lits en coton, paniers, arcs et flèches, animaux, fruits et écailles de tortue. Produits européens : haches, serpes, couteaux, aiguilles, épingles et hameçons, cristal, rassades, miroirs, toile,eau-de-vie. Ces échanges sont lucratifs et enrichissent les Français selon Jean-Baptiste Dutertre car les Indiens"ne connaissent pas la valeur des choses, ils donnaient pour des bagatelles, et pour lors un Sauvage eut donné son lit de coton pour un verre d'eau-de-vie ou pour un petit couteau". Une tortue vaut une serpe ou une hache. En fait, les Indiens savent ce qu'ils veulent et ne se laissent pas faire par les Français qui ne comprennent pas leur logique d'échange qui leur semble peu en rapport avec la valeur des objets, ce dont ils se félicitent. Mais avec le temps, les Indiens se font plus exigeants. Le Dominicain note qu'ils ne sont plus niais qu'ils ont été, et comme ils connaissent le besoin qu'ils ont eu de leurs lits après les avoir vendus, ils n'en vendent plus. C'est pourquoi la plupart des lits de coton qui sont aux îles nous sont venus de Terre Ferme". Les circuits d'échanges s'ouvrent de plus en plus vers les autres espaces de la Caraïbe, même s'ils se limitent aux côtes et n'affectent pas l'intérieur du continent. L'île de la Grenade où sont établies des communautés Galibi et Caraïbe joue un rôle essentiel pour les Français désireux de commercer avec les Indiens de la Terre Ferme. Les échanges avec les Indiens se limitent aux produits courants et n'alimentent qu'à la marge le commerce transatlantique."
Nous avons aussi pris le temps de consulter la version officielle du "traité Franco-Anglo-Caraïbes", traité conclu entre Charles Houël, gouverneur de la Guadeloupe et les Caraïbes 31 Mars 1660. Celui-ci se trouve sur le site d'anom.archivesnationales.culture.gouv.fr.
Et pour finir nous nous sommes référés au livre de Philip P. Boucher qui s'intitule "Cannibal Encounters. Europeans and Island Caribs, 1492-1763. Johns Hopkins University Press Baltimore."
Il est juste d'affirmer que les Arawaks et les Caraïbes ont combattu et résisté à l'invasion Européenne pendant des siècles. Aubert, lieutenant général de l'île de la Guadeloupe, aurait profité des conflits territoriaux entre Amérindiens pour fournir les armes à feu aux Caraïbes afin de les utiliser sur leurs ennemis Arawaks. C'est ainsi que cet ethnocide a vu le jour. Cependant, les Caraïbes afin de lutter contre l’expansion anglaise et française gardaient les femmes et les enfants Arawaks ainsi que certains hommes captifs afin d'agrandir leurs tribus de se repeupler. Les femmes Arawaks et Caraïbes cohabitaient ensemble. Il y a eu un "métissage ethnique" non négligeable sur plusieurs centaines d'années.
Ayant subi des pertes d'hommes considérables, un traité de paix a été signé entre les gouverneurs Français, Anglais et 15 principautés Caraïbes, à Basse-Terre, en Guadeloupe, le 31 mars 1660. Ce traité Franco-Anglo-Caraïbe est un document important car il témoigne d'une présence considérable de guerriers Amérindiens dans les îles. Ce que les Caraïbes ne savaient pas, c'est que ce traité était aussi une forme d'alliance entre gouverneurs Français et Anglais contre les habitants des îles qui avaient pour habitude de s’engager dans une paix stratégique avec un Européen avant d'attaquer l'autre. Les gouverneurs Français et Anglais ont donné leur accord afin que les Amérindiens puissent se retirer de la Guadeloupe et de la Martinique afin de se rendre sur les îles dites neutres: la Dominique et Saint-Vincent. Les 15 principautés Caraïbes devaient faire régner la paix et convaincre les habitants d'arrêter des hostilités, de retourner des esclaves et les captifs et pour finir autoriser la présence des missionnaires sur les îles neutres.
Certaines familles Caraïbes n'ont pas accepté cette forme d'expulsion et ont préféré se retirer dans les parties non défrichées des îles. En Guadeloupe par exemple, la résistance Caraïbe s'est réfugiée dans des régions plus tard appelées Capesterre, Baillif, Pointe des Châteaux, Pointe de la Grande Vigie, Le Moule, Port-Louis, Anse-Bertrand etc...
Ce traité n'a pas été respecté au final car les Européens ont cherché à posséder les îles neutres.
À la question: y auraient-ils des descendants de Caraïbes et d'Arawaks en Guadeloupe et dans les autres îles de la caraïbe? Quelle serait votre réponse?
Citation de la fin de Jésuite Pierre Pelleprat, missionnaire dominicain: "These natives have so little inclination towards vice that one would say...that they have not committed the original sin like other men"!
TMAK est le titulaire de droits de cette édition. Manuella Jeanlys est la personne morale et physique qui détient le droit d’autoriser ou d’interdire l’usage quel qu’il soit du travail protégé par des droits de propriété intellectuelle.
Sources:
https://www.nytimes.com/1992/11/01/travel/winter-in-the-sun-guadeloupe-s-sleepy-satellites.html http://anom.archivesnationales.culture.gouv.fr/ark:/61561/zn401b21xw
Cannibal Encounters: Europeans and Island Caribs, 1492–1763 (Johns Hopkins studies in Atlantic History and Culture.




De très très bonne recherche . Moi qui ne connaissais pas toute les parties de l'histoire, j'apprécie énormément ce site . De jour en jour j'apprend en ayant les réponses que je cherchais depuis petit . Merci #TMAK 🔥🔥